Discours de remerciement – Rome, 15.11.2000

Suisse

Michel Mayor

Prix Balzan 2000 pour l'instrumentation et les techniques en astronomie et en astrophysique

Pour l'importance de ses recherches qui ont permis de découvrir la première planète en orbite autour d'une étoile autre que le soleil.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs, membres de la Fondation Balzan,
Mesdames, Messieurs,

C’est avec joie et avec reconnaissance que je reçois le prix Balzan que vous me faites l’honneur de m’octroyer. Lors de prix précédents, vous avez à plusieurs reprises inclus parmi les lauréats des astronomes qui avaient contribué à la connaissance de l’Univers, de ses composants et de leur évolution. Aujourd’hui, vous honorez la découverte de la première planète extrasolaire. Des philosophes avaient, dès l’Antiquité, pressenti la « nécessité » de la pluralité des mondes. La science-fiction de notre époque se nourrit quotidiennement de ce rêve. Les astronomes, du XXe siècle en particulier, ont cherché à comprendre les mécanismes de la formation des planètes en général et de notre système solaire en particulier. Les développements de l’instrumentation astronomique ont permis enfin de découvrir ces planètes extrasolaires, ces planètes liées à d’autres étoiles, similaires à notre Soleil. Avec la découverte de la planète liée à l’étoile 51 Pégase, la pluralité des mondes a quitté le domaine du rêve pour devenir un sujet d’étude.

Rarement une découverte astronomique aura suscité un tel intérêt du public. Au premier abord, on est surpris par cet intérêt pour une découverte attendue. L’astrophysicien cherche à comprendre la structure et l’évolution de l’Univers et de ses composants. On peut aussi voir sa démarche comme une quête pour donner à l’Homme sa place dans l’Univers. C’est dans ce cadre que l’on comprend alors l’attention générale portée à la découverte des planètes extrasolaires. 

On sait aujourd’hui que le Soleil n’est qu’une étoile parmi les centaines de milliards d’étoiles de la Voie Lactée, notre Galaxie. On sait aussi que les galaxies se comptent par milliards dans l’Univers. Les planètes, sous-produits de la formation des étoiles, sont-elles aussi innombrables? Les quelques dizaines de planètes extrasolaires, découvertes à ce jour, ne sont que les plus aisées à découvrir. Ce sont les plus massives, des analogues de nos planètes géantes gazeuses, telles que Jupiter ou Saturne. Ces premières découvertes ne sont-elles que la confirmation de l’existence des systèmes exoplanétaires? Elles sont plus que cela. Elles ont révélé la diversité des systèmes planétaires. Cette diversité nous oblige à repenser les mécanismes de formation des planètes et, par-là même, de la formation de notre propre système solaire. Quels sont les mécanismes de la formation des planètes rocheuses, telle la Terre, ces petites planètes susceptibles peut-être de porter la Vie?
La Vie est-elle présente ailleurs dans l’Univers? Déjà des astronomes cherchent à apporter une réponse. Peut-être que le siècle qui débute sera celui qui verra une réponse à cette vertigineuse question.

Avec mes collègues ayant participé à cette recherche, nous sommes conscients de la chance que nous avons eu d’avoir vécu un moment privilégié de la découverte astronomique.

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